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LA RECONVERSION, UN VIRAGE ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ

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Au bout de quinze ou vingt ans dans un même poste, qui ne s’est pas réveillé un beau matin avec un désir d’ailleurs ? De larguer les amarres et tourner la page ? Un rêve amplifié par la mode actuelle du « Changez de vie ! ». Ce thème est constamment l’objet d’articles, de livres et d’émissions. « Changez de vie avant qu’il ne soit trop tard !», « Changez de vie et vous serez heureux !», nous affirment des titres impératifs qui font écho à l’ennui, la frustration, la lassitude de beaucoup de cadres. Car ces désirs de reconversions et de vies différentes concernent surtout les cadres âgés entre 40 ans et 53 ans, crise du milieu de vie aidant. On assiste aussi à une sorte de quête de sens, comme si le vécu professionnel n’apportait plus de réponses. Or, le danger est de mêler émotionnel, spiritualité et… réalité. Nos aspirations profondes sont un fait, la vie en est un autre. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’on doit forcément renoncer à ce besoin aigu de changement.

 « Mais une reconversion réussie ne doit pas être un acte impulsif »

Passer de juriste à navigateur ou pianiste, ça fait des jolies histoires pour les médias, mais pas mal de casse dans la vraie vie. Passer de cadre dans une multinationale à  «chargé de projet dans une ONG à l’étranger », attiré par un métier éthique, c’est parfois rencontrer des difficultés pires que celles qu’on croyait vivre. On est dans un monde qui nous dit « Aimez ce que vous faites, le travail viendra», « Faites ce que vous aimez et vous réussirez », or ce n’est pas le cas ! Nous avons tous des compétences déterminées, des talents précis, on ne se reconvertit pas par l’émotionnel. On valorise trop cet aspect. Et si toute cette mode des reconversions a le vent en poupe, il faut faire la part entre le mythe et la réalité. On rêve trop, on se lance du jour au lendemain, et le mur arrive ! Car l’échec est le plus souvent au bout du chemin, avec son lot d’épreuves et pertes financières. On peut détruire en une année ce que l’on a construit en une vie. « Oui, mais je veux changer ! Je n’en peux plus ! »Et là, j’ai envie de répondre : « Prenez des vacances ! ».

« Ne claquez pas la porte, réfléchissez ! »

Même pour ceux qui n’ont pas forcément envie de pratiquer le grand écart, pour devenir viticulteur, bistrotier ou sculpteur, mais juste de changer complètement de job, il est aujourd’hui quasiment impossible pour un cadre de changer à la fois de métier et d’entreprise. Les entreprises, surtout en période de crise, tiennent avant tout à sécuriser leurs recrutements, et deviennent plus frileuses à embaucher des personnes sans expérience sur le poste. Penser que l’on peut changer à la fois de domaine, de fonction et de salaire, est dangereux. Et ce sont les trois paramètres dont il faut tenir compte pour une reconversion. Admettons que vous avez réussi à décrocher un entretien dans une autre entreprise, que le poste est différent et qu’il vous intéresse, et qu’on ne vous propose que 400 ou 500.- de plus par mois, ne vous vexez pas, mieux vaut accepter que se braquer ! Ne surestimez pas vos prétentions salariales. En effet, changer de poste veut dire que vous n’avez pas encore l’expérience pour ce domaine particulier. Pas toutes les compétences peuvent se reconvertir d’une entreprise à une autre, d’un domaine à un autre. La clé ? Procéder étape par étape, ne pas faire de changement brusque, et ne pas trop s’écarter de sa formation de base. Enfin, posez-vous cette autre question avant de rêver : êtes-vous capables d’encaisser l’échec ? Quelles sont vos ressources et votre réseau ? Si vous avez un plan B, une bouée solide, et si vous voulez toujours larguer les amarres, faites-le. Mais on vous aura prévenu…